La question de l’État dans la Russie post-soviétique

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Document publié dans le magazine Référence.

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La crise russe de 1998 résulte, en apparence, d’un déréglement du système financier. Rien ne semble plus technique que la mécanique des Bons du Trésor, de la spéculation boursière ou des créances douteuses. La Russie serait victime d’un manque d’expertise, c’est à dire d’expérience, et pour cause. Pourtant, la crise russe est essentiellement politique. La Russie n’est pas seulement en cessation de paiement, elle est en défaut de République. Poser la question de l’État en Russie post-soviétique, et de ses rapports avec l’économie, permet d’interpeller quelques paradoxes : le “chaos russe” n’est-il pas un ordre qui perpétue une forme d’anarchie soviétique ? La régulation étatique n’est-elle pas un élément constitutif du capitalisme de marché ? La question de l’État russe invite aussi à la modestie. La complexité du “post-socialisme réel” dans un pays comme la Russie, interdit l’application de recettes préfabriquées, telles que les imaginaient les théoriciens du libéralisme au début des années 90. Elle doit nous mettre en garde contre la tentation des jugements péremptoires des idéologues. La compréhension des phénomènes a moins besoin des économistes que des historiens et sociologues de la Russie . Les Russes sont condamnés à inventer seuls la transition. Le problème, c’est que la transition elle-même n’a aucun sens. Le terme est trompeur puisqu’il suppose connu à l’avance le point d’arrivée . Or nul ne sait ce que sera la Russie au XXI e siècle.