La crise russe de 1998.

Bonnes Copies

Document publié dans le magazine Référence.

Cette copie a été notée : 5 / 20


Pour la deuxième fois de son histoire, le peuple russe sert de cobaye. Après la Révolution prolétarienne et la construction du socialisme, il subit une seconde expérience unique, sans précédent dans l’histoire de l’humanité : la sortie du système soviétique et la construction de la démocratie de marché. En attendant, la Russie est le nouvel “homme malade de l’Europe”. D’abord traumatisée par la “ thérapie de choc” prescrite par le gouvernement Gaïdar (1992), la Russie de Tchernomyrdine semblait progresser lentement vers une forme sui generis de capitalisme, dans un contexte macroéconomique en voie de stabilisation. En 1997, le PIB (divisé par deux en volume depuis 1991) et la production industrielle connaissent leur première augmentation depuis sept ans, avec une inflation maîtrisée et un excédent commercial croissant. N’oublions pas toutefois le prix très élevé payé par la société russe en termes de creusement des inégalités de revenus et de paupérisation de masse. C’est au moment où les indicateurs économiques semblaient valider la patience prêchée au peuple que la Russie a replongé dans le désastre. Mais la crise de l’été 98, aussi spectaculaire soit-elle, n’est que la partie visible d’un iceberg. Au delà des mécanismes de la crise financière et de ses conséquences, la compréhension profonde des faits exige qu’on pose la question de fond, celle de l’État dans la Russie post-communiste.