Dans le contexte général d’une économie qui se mondialise, le Sous-développement est-il une fatalité ?

Bonnes Copies

Bonne copie du lycée Chateaubriand de Rennes. Cette copie a été noté 13/20. Voici le commentaire du professeur : Des Qualités dans l’exposition et l’argumentation. Poursuivez.

Bonne copie du lycée : 35 - Rennes - Lycée Chateaubriand

Cette copie a été notée : 13 / 20

Commentaire du professeur : Des Qualités dans l’exposition et l’argumentation. Poursuivez.


Untitled Document A l’heure où fusions, associations et concentrations gouvernent notre paysage économique et social quotidien, une réalité complexe et multiforme gouverne celui de plus de 60% de la population mondiale. Le sous-développement n’est plus seulement un concept : c’est une réalité. Ainsi, l’inertie de la croissance économique et industrielle, et ses conséquences directes (misère et archaïsme social), empêchent nombre de pays de s’insérer efficacement dans les relations commerciales internationales, les enfonçant encore plus dans leur marasme.
Alors qu’un processus récent (depuis une quinzaine d’années) fait passer l’économie du stade de l’interdépendance d’économies nationales au stade d’une globalisation mondiale, il est donc intéressant de se demander si le Sous-Développement est toujours une fatalité ? [oui, un peu faible]
La mondialisation de l’économie est-elle un facteur d’intégration ou de marginalisation d’un ensemble sous-développé qui constitue déjà une périphérie ?
Après avoir remarqué que c’est la phase préparatoire à la mondialisation -l’internationalisation de l’économie et du commerce- qui a approfondi le sous-développement des pays en retard, nous montrerons en quoi on peut penser que la mondialisation ne peut qu’intensifier leur marginalisation. L’exposition des limites de cette thèse expliquera en quoi la mondialisation peut favoriser leur intégration au monde développé. [peu adroit]


Tout d’abord, il faut noter que le sous-développement, dans la pluralité de ses formes et de ses facteurs, n’a pas été avantagé par le commerce international, qui est dans une certaine mesure une phase préparatoire à la mondialisation de l’économie. [peut-être]

Le sous-développement est avant tout un ensemble très hétérogène, qu’on peut seulement unifier par sa pauvreté importante et un très faible indice de développement humain. Il est constitué de pays qui n’ont très souvent pas expérimenté de révolution industrielle et qui n’ont donc pas jeté les bases d’une croissance économique. Majoritairement victimes d’un endettement extérieur conséquent, leur non-productivités industrielle et agricole les oblige à vivre sous la dépendance financière, commerciale et technologique du monde développé, et souvent, elle limite leur création de richesse à l’exportation de produits primaires, bruts et semi-bruts.
Dès lors, l’internationalisation de l’activité économique et des échanges commerciaux va être un nouveau facteur d’approfondissement et d’affaiblissement de ces pays sous-développés.
En effet, ces pays sont à la fois victimes de leur manque de moyens structurels et de la tendance conjoncturelle à l’internationalisation [pourquoi ?]

  • La libéralisation des échanges exige une stabilité monétaire que ces pays n’ont pas. Ne pouvant maintenir des taux de change convenables (inflation galopante, déficit de la balance des paiements courants…), les économies des pays sous-développés vivent sous constante perfusion économique (prêts, crédits, aides financières du FEDER, du FMI..), ce qui, par un cycle vicieux, accentue leur dépendance.
  • L’archaïsme de leurs structures de production les oblige à importer des produits transformés, biens de consommation… Pour équilibrer leur balance commerciale, ils doivent ainsi se contenter d’exporter des produits de base… et ils ne cherchent plus à moderniser leur production, à la réorienter vers des secteurs plus productifs et plus compétitifs. Ainsi, l’exportation de pétrole et de gaz constitue plus de 60% du PNB algérien. Cette richesse ne peut se répartir sur l’ensemble d’une société qui ne peut donc se développer, n’ayant pas des salaires à Parité de Pouvoir d’Achat suffisante pour se procurer des biens de consommation…


Ainsi, l’internationalisation des échanges, condition nécessaire et préalable à la mondialisation de l’économie, n’a fait qu’accentuer la périphérisation d’un monde complexe sous-développé, un " Tiers-Monde " (Alfred Sauvy) endetté et exposé au sein d’une DIT de plus en plus oligopolistique. Le Mexique doit par exemple faire face à une crise d’insolvabilité en 1982, les pays d’Afrique Noire ont parfois un taux de croissance négatif. Il paraît alors tout à fait logique que la mondialisation ne fasse qu’accentuer la marginalisation de ces PED.


Cette marginalisation peut se faire à deux niveaux : économique et politique.

En premier lieu, la cartellisation financière des industries développées ne peut qu’accentuer l’exploitation des PED par les grandes Firmes Multinationales européennes et américaines. Avec la multiplication des fusions et des concentrations, ces FMN deviennent des conglomérats encore plus puissants. S’expatriant de plus en plus facilement dans le contexte actuel de mondialisation que l’OMC tente de réguler, ces FMN ne rencontrent alors que peu de problèmes pour installer des filiales dans les PED, qui produisent à coût salarial très faible. De plus, on n’est plus dans un contexte de nationalisation, et les grands groupes industriels privés réinvestissent dans l’exploitation des ressources naturelles et énergétiques de PED qui n’en ont pas les moyens. [argument peu clair] Ainsi, dans une certaine mesure, l’Amérique Latine vit sous la dépendance des capitaux américains, bien que la croissance du MERCOSUR tente d’y mettre un frein.
De plus, avec la constitution des alliances économiques et commerciales, les PED semblent asservis voire exclus des circuits d’échanges mondiaux. L’ALENA, l’APEC, le Marché Commun marquent une certaine négligence de la " Triade " vis-à-vis des pays sous développés, négligence qu’ont longtemps caché les divers prêts et subventions à faible taux d’intérêt accordés par le FMI ou la Banque Mondiale. [sans doute] Mais il faut toutefois nuancer en rappelant que la prise de conscience du problème du sous-développement (sur le plan social plus qu’économique) n’a jamais été aussi importante.

Sur le plan politique, et malgré la nuance que l’on vient d’apporter, il semble évident que les pays sous-développés ne puissent jouer qu’un rôle très faible au sein des institutions supra-nationales. Car il va de soi que la mise en place d’un processus diplomatique de décision au niveau mondial ne peut s’effectuer que proportionnellement au poids diplomatique de chaque pays, poids qui dépend lui-même de leur poids économique.
Dès lors, l’intégration des pays sous-développés dans la nébuleuse d’une économie mondialisée et développée semble bien illusoire.

Enfin, avec la mondialisation, il semble bien que le Sous-Développement soit une fatalité. [vision un peu pessimiste]
En effet, la mondialisation de l’économie, perçue comme nécessaire à la croissance économique, est fondée sur l’utilisation de l’informatique, des télécommunications, bref de moyens technologiques modernes que les pays sous-développés n’ont pas. En outre, il est absurde de penser que ces pays sous-développés sont capables de s’intégrer profitablement dans ce qu’on peut considérer comme une " Troisième Révolution Industrielle " alors qu’ils n’ont même pas assimilé les deux premières. [oui] Le schéma libéral de développement de Rostow (sociétés traditionnelles puis conditions préalables au décollage puis démarrage économique ou " take-off " puis accès à la maturité puis société de communication) en serait alors complètement dénué de sens.


Ainsi, il semble que la mondialisation ne puisse qu’accélérer la marginalisation et le sous-développement des pays en retard, en les excluant définitivement du processus même de mondialisation, comme si celle-ci marquait la date limite avant laquelle chaque pays devait avoir réussi son démarrage. Cependant, il semble que certains pays puissent être guéris du sous-développement.


L’essor des Dragons et des Tigres de l’Asie du Sud-Est en constituent un exemple. La croissance exceptionnelle de Hong-Kong, de Taïwan, de Singapour et de la Corée du Sud ont montré le rôle positif qu’ont pu jouer les Firmes Multinationales. En voulant faire de ces Etats à la main-d’œuvre docile et bon marché des pays-ateliers, elles ont précipité leur essor. Solde commerciale excédentaire et investissements productifs ont alors permis le développement de ceux qui sont devenus désormais des concurrents directs des pays développés.

Ensuite, le contexte actuel de mondialisation inhibe immédiatement toute tentative de politiques de développement marxiste.

  • La théorie de la détérioration des termes de l’échange, élaborée par les économistes latino-américains du CEPAL Raùl Prebish, Celso Furtado et Jorge Ahumada, ne semble pas correspondre au contexte de mondialisation [cela dépend] : il est faux de penser que les prix des produits finis qu’importent les pays sous-développés évoluent plus vite que ceux des produits de base qu’ils exportent, quand les Institutions tentent d’harmoniser et d’équilibrer les échanges pour leur venir en aide. L’échec de la stratégie d’industrialisation par substitution d’importations en Algérie semble alors décourager tout pays désireux de suivre un tel " modèle de développement ".
  • De même, la thèse de l’ " échange inégal " d’Arghiri Emmanuel semble tout à fait infondée dans ce contexte de mondialisation [discutable ou expliquez]. Pourquoi penser que les échanges commerciaux sont favorables aux produits à forts coûts salariaux, alors que les FMN tentent justement de réduire ces coûts ? La mondialisation annihile donc toute volonté de développement autocentré, planifié, et orienté sur les industries de base (échecs des modèles soviétique et chinois…)

Avec la mondialisation, les modèles libéraux de développement se présentent donc comme les plus opportuns.
Et si François Mitterrand avait affirmé qu’il n’était pas possible de concevoir la croissance économique des pays riches industrialisés sans le développement des autres, il aura peut-être raison deux ou trois décennies plus tard ! En effet, ne peut-on pas penser que les industries liées à la mondialisation (nouvelles technologies, informatique…) vont favoriser le processus de rationalisation des productions, et donc de création de richesse, un peu à la manière des " industries industrialisantes " de François Perroux, d’Hirshman et de Bernisse, mais dans un cadre libéral ?
L’abaissement des barrières nationales (culturelles, écarts géographiques, échanges commerciaux et diffusion des technologies) ne va-t-il pas catalyser l’explosion économique des pays sous-développés, ce qui serait salutaire car, comma l’a stipulé Gerschenkron, " le démarrage économique des pays les plus en retard va être encore plus efficace " ?
Ainsi si la proposition d’annulation de la dette du Tiers-Monde peut paraître utile pour les pays connaissant Mal-Développement et Retard de Développement, et qui sont plongés au sein d’un chaos économique sans précédent (Afrique noire…), elle peut paraître excessive pour des pays ayant bien entamé leur processus de développement (Inde, Brésil, Chine, Philippines…)


Il ne faut donc pas considérer le sous-développement comme une fatalité. Car si le contexte actuel de mondialisation peut renforcer la marginalisation des Pays les Moins Avancés, qui auront hélas bien des difficultés à rattraper leur retard industriel, technologique et social, il peut devenir un formidable tremplin pour la croissance économique des PED ayant déjà réalisé leur take-off. Et si ces PED ont un niveau de développement insuffisant, l’uniformisation et l’expansion des modes de consommation risquent d’être accélérées par le processus de mondialisation. L’étape économique reste la plus problématique.