Dans quelle mesure la Révolution Industrielle a-t-elle provoqué une transformation de l’organisation de l’espace dans les pays concernés au cours du XIXème siècle ?

Bonnes Copies

Bonne copie du lycée Chateaubriand de Rennes. Cette copie a été noté 14/20. Voici le commentaire du professeur : Incomplet mais bon devoir dans l’ensemble.

Bonne copie du lycée : 35 - Rennes - Lycée Chateaubriand

Cette copie a été notée : 14 / 20

Commentaire du professeur : Incomplet mais bon devoir dans l’ensemble.


Untitled Document Il est possible d’affirmer que la Révolution Industrielle joue un rôle-clé dans la structuration des pays développés que nous connaissons aujourd’hui. Au 18ème siècle, la population était très majoritairement paysanne, les pays divisés en régions n’ayant parfois aucun lien entre elles. A la fin du 19ème siècle, la population est urbaine, les états organisés en nations. [oui] Le problème qui nous est posé est de déterminer dans quelles proportions et par quels moyens la Révolution Industrielle a participé à cette évolution. Pour ce faire, il faudra expliciter les différentes situations du début puis de la fin du 19ème siècle, mettre en évidence les mécanismes par lesquels la Révolution Industrielle a pu jouer un rôle dans cette évolution, en nous limitant aux pays ayant bénéficié de l’industrialisation. Nous allons donc répondre à trois questions : quelles étaient les caractéristiques de l’organisation spatiale de ces pays au début du 19ème siècle ? Quelles étaient-elles un siècle plus tard ? Quels mécanismes expliquent cette évolution ?


Au tout début du 19ème siècle, l’organisation de l’espace se caractérise d’abord par une très faible urbanisation. La population européenne, et mondiale plus généralement, est à 90% rurale et essentiellement agricole. Par le fait même, puisque les activités économiques se développent là où se trouve la main-d’œuvre, les premières " industries " naissent en campagne selon le modèle de la " Fabrique ". L’exemple le plus connu de la " Fabrique " est le textile. Le marchand ou " soyeux " fournit un rouet et la matière première aux paysans de la région. Il leur rachète ensuite à bas prix les toiles de tissus. Ceci implique que les manufactures [ateliers] sont rurales et très dispersées.
Ainsi, les très grandes villes sont rares. Leur pouvoir est presque exclusivement politique puisque c’est là que se trouvent les Institutions. En revanche, elles ne participent que peu à la production de richesses, excepté dans le cadre du commerce. [ce n’est pas si simple]

A cette époque, l’organisation géographique et économique des pays européens se caractérise par un morcellement important. Partant les marchés sont exclusivement régionaux.
En effet, la notion d’Etat-nation n’est pas encore vraiment née. Chaque pays est divisé en régions ayant leurs propres langues, leurs propres cultures, et n’ayant que très peu de rapports entre elles.
Par ailleurs, au sein de chaque Etat, les réseaux de transport sont très insuffisants et souvent peu cohérents. Dans les années 1780, il faut plus de dix jours pour rejoindre Edimbourg de Londres. A la même époque, plusieurs mois sont nécessaires pour traverser les USA d’est en ouest. Cela explique que les marchés soient géographiquement très limités. On comprendra aisément qu’il soit difficile de vendre à 2000 kms de chez soi quand un mois est nécessaire pour parcourir cette distance.
Certaines nations, comme l’Allemagne et l’Italie, sont morcelées en plusieurs états : l’Allemagne en compte 39 en 1800. Ce morcellement a pour conséquence l’absence de politique économique concertée, la faiblesse et l’incohérence du réseau de transport au niveau de l’Allemagne entière.
A la fin du 19ème siècle, au contraire, on remarque une urbanisation importante et en constante augmentation : le taux d’urbanisation dépasse les 70% en Grande-Bretagne. Cette urbanisation se nourrit de l’exode rural. Ces populations en voie de prolétarisation s’entassent dans des quartiers ouvriers sordides. Les conditions de vie et d’hygiène sont calamiteuses, les maladies s’y développent très rapidement, l’alcoolisme atteint des proportions effarantes… Ainsi, c’est à cette époque que naît le mythe de la " ville dévoreuse d’hommes ".
Au sein de cette urbanisation, on peut distinguer le cas plus spécifique de la France où l’urbanisation est plus lente qu’ailleurs (44% seulement à la fin du 19ème siècle). Cette spécificité résulte d’abord de la Révolution Française qui, par la redistribution des terres, favorise l’essor d’une classe de moyens propriétaires. [voir dans une autre partie ?] Chacun d’eux ayant assez pour vivre, l’exode rural n’est pas massif en France. De plus, l’Etat français fera souvent le choix de soutenir ses agriculteurs au détriment de ses industriels, notamment en adoptant une attitude protectionniste (tarif de Méline en 1892…)
Par ailleurs, à cette époque, l’organisation spatiale des pays développés est b bouleversée par l’apparition d’une nouvelle carte industrielle. En effet, les industries sont très concentrées dans certaines régions, près des villes et des bassins houilliers. Cette tendance est indubitable, même si de nouvelles industries comme la production d’aluminium ont tendance à moins se concentrer. Cela s’explique parce-que ces nouvelles industries utilisent de l’électricité qu’on ne peut pas transporter. Ainsi, elles s’installent dans les régions productrices de cette énergie, qui sont très variées. Cette concentration de l’industrie implique des modifications de l’aménagement du territoire au profit de ces régions plus dynamiques. Ainsi, l’Angleterre du Nord monte en puissance au détriment du sud de l’Angleterre moins industriel. [oui]

C’est aussi à cette époque que se constituent des marchés nationaux. On voit ainsi se structurer des réseaux de transport de plus en plus performants et cohérents. Ainsi, il devient possible de vendre sa production à 500 ou 1000 kilomètres de chez soi. Cette évolution contribue au développement du sentiment d’appartenance nationale.


Nous avons explicité l’évolution de la situation quant à l’organisation spatiale des pays développés en un siècle. Reste encore la question cruciale : quelles sont les raisons qui expliquent des transformations aussi radicales ?


A cet égard, on souligne le rôle important joué par la révolution agricole, en particulier comme cause directe de l’exode rural. La révolution agricole, directement imbriquée dans la révolution industrielle, commence en Angleterre vers 1750, puis se diffuse dans le reste de l’Europe vers 1800. Concrètement, il s’agit du remplacement de l’assolement triennal par la production fourragère. Mathématiquement, on obtient une hausse de 50% de la production qui a pour conséquence directe la disparition progressive des famines qui jalonnaient l’époque précédente. Ainsi la population augmente, servant à la fois de main-d’œuvre et de force consommatrice.
La révolution agricole passe aussi par l’enclosure des propriétés. De fait, les petits paysans qui vivaient des droits coutumiers tels que le droit " de vaine pâture " ne peuvent plus survivre. Ils partent donc vers les villes, où ils forment une main-d’œuvre en voie de prolétarisation et aisément exploitable.
On peut donc affirmer que la révolution agricole est la cause première de l’urbanisation. [oui]

On remarque ensuite que c’est aux nouvelles technologies qu’on doit la concentration industrielle dans des régions précises.
En effet, la révolution industrielle se caractérise par des découvertes scientifiques " en grappes ", surtout axés sur l’usage de la machine à vapeur et la métallurgie. Comme ces deux industries réclament de fortes quantités de charbon, la demande en charbon augmente massivement et l’extraction explose. Or le charbon est un matériau difficilement transportable car lourd, solide… C’est dont tout naturellement que les industries s’installent dans les bassins houillers. Ainsi, on assiste à l’éclosion de " pays noirs " qui structurent les espaces économiques nationaux : régions de Leeds et de Manchester en Angleterre, Alsace-Lorraine et Nord en France, Ruhr en Allemagne…

Enfin, on peut souligner le rôle spécifique du chemin de fer, qui est considéré, non sans raison, comme le symbole de la révolution industrielle. Son rôle est essentiel dans la formation et l’organisation des espaces nationaux.
Avec l’amélioration générale des transports, il est la cause première de la formation des marchés nationaux. En effet, la vitesse " raccourcit " les distances et permet de vendre loin de chez soi. Dans certains cas, comme en Allemagne, il permet d’établir un réseau national cohérent, qui, du fait du morcellement politique, n’existait pas auparavant. Et il permet parfois " d’élargir " les espaces nationaux. [expliquer]
Par exemple, aux Etats-Unis, la conquête puis la maîtrise du territoire ne peuvent se faire que par l’intermédiaire du train. Le chemin de fer, " élargit " le territoire américain vers l’ouest. Ainsi, les trois lignes transcontinentales permettent l’exploitation agricole des Grandes Plaines, le peuplement puis le développement de la Californie. Son rôle est donc énorme dans la constitution de la nation américaine.
Le train joue également un rôle-clé dans la diffusion de la révolution industrielle dans les mentalités : avoir une gare près de chez soi, c’est entrer de plain-pied dans la révolution industrielle. C’est grâce au train que les contemporains, notamment les ruraux, prennent conscience de la réalité de l’industrialisation.

Au cours de ce développement, nous avons montré que c’est bien au 19ème siècle qu’apparaît une véritable organisation du territoire. Puis nous avons expliqué en quoi la Révolution industrielle (agriculture, technique, transports) a joué un rôle dans cette évolution. On peut se demander dans quelle mesure les deux derniers arguments, nouveautés techniques et transports, peuvent expliquer l’évolution de la hiérarchie mondiale des états, de telle qu’elle était en 1800 à telle qu’elle est aujourd’hui.