L’évolution des politiques budgétaires et monétaires dans l’OCDE depuis 1970.

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Bonne copie du lycée : 69 - Lyon - Institution des Chartreux

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Untitled Document Les politiques monétaires et budgétaires sont les instruments conjoncturels des Etats pour tendre vers le "carré magique" de Kaldor, qui prône une faible inflation, l’équilibre extérieur, la croissance et l’emploi. En effet, la politique monétaire vise à contrôler par la masse monétaire, l’inflation ayant en corrélation un impact sur le taux de change et la compétitivité influençant donc l’équilibre extérieur. De même, la politique budgétaire, qui a été fortement utilisée lors des Trente Glorieuses sous l’influence des idées keynésiennes, s’applique à faire varier les soldes budgétaires relançant ou refroidissant l’économie influençant donc la croissance d’où l’emploi. Ces instruments représentent donc les armes de politiques nationales pour atteindre des objectifs finaux de bonne santé des grands fondamentaux de l’économie.
Pourtant, de par la mondialisation et la régionalisation, qui prévaut parmi les pays développés, ces instruments semblent remis en question au niveau national.
Quelle a été l’évolution des politiques monétaires et budgétaires entre-elles dans les pays développés depuis le second choc pétrolier face à l’internationalisation des économies ?
Nous examinerons tout d’abord l’évolution de la policy mix jusqu’en 1988 date clé pour l’Europe et les USA. Puis nous nous intéresserons à la dimension internationale à laquelle sont confrontées ces politiques conjoncturelles.

La fin des années 1970 marque sensiblement la fin de la primauté des politiques budgétaires sur les politiques monétaires. En effet, durant la période de forte croissance d’après guerre, la politique monétaire est peu utilisée ce qui caractérise par une montée de l’inflation accompagnant la bonne santé économique assurée par les politiques budgétaires de type keynésien et remise en cause lors des deux chocs pétroliers. De plus, l’analyse de la courbe de Phillips met en avant l’idée qu’une forte inflation est nécessaire pour garantir l’emploi et inversement, si bien que la politique monétaire est délaissée face à des politiques budgétaires expansives avec des déficits publics volontaires. Les deux chocs pétroliers vont remettre en cause cette corrélation entre inflation et emploi puisque forte inflation coexiste avec chômage, les politiques budgétaires de stop-and-go de type keynésien semblent inefficaces face à cette crise si bien que la fin des années 1970 marquent la fin de ce type de politiques budgétaires. Ainsi les plans Barre en 1978, Mauroy en 1981 seront les dernières tentatives de politiques budgétaires keynésiennes alors que la politique monétaire semble redevenir un instrument à part entière. Les politiques de désinflation compétitive et de franc fort marque le retour à une politique monétaire active. De plus, en ce qui concerne l’Europe la création du SME oblige les pays membres à avoir des politiques monétaires actives et restrictives pour rester fixée aux cours pivots dans la marge de plus ou moins 2.25% étant donné que le SMI a éclaté en 1971 et le serpent monétaire en 1973. D’une part, la politique budgétaire est dès lors soumise aux idées libérales et néo-classiques ce qui implique le retour à l’équilibre budgétaire, la fin des déficits publiques, qui marquaient une présence trop prononcée de l’Etat dans l’économie. En effet, pour ce courant d’idée, les déficits publics ne sont pas sains et provoquent de l’inflation non désirées. Aussi la politique budgétaire est-elle fortement réduite, à la fin des années 1970, puisque poussée vers l’équilibre budgétaire; D’autre part, la politique monétaire est soumise aussi à des idées plus libérales que sont les thèses monétaristes de M. Friedman, qui appelle à une politique monétaire plus axée sur le marché. En outre, il existe plusieurs façon de contrôler la masse monétaire en circulation : par la fixation du taux de réescompte qui pousse les banques ou non à offrir des liquidités aux agents, l’encadrement du crédit qui limite les offres de prêts et enfin les réserves obligatoires et la fixation du taux de réescompte variable et le taux directeur calculé par la Banque Centrale. La politique monétaire se dirige à la fin des années 1970 vers un abandon progressif pour l’encadrement du crédit trop rigide face aux besoins de gains de parts de marché des banques et vers la mise en place d’une régulation plus par le marché avec des taux de réescompte variable selon l’offre et la demande et avec un taux plancher et plafond et qui joue également sur le taux de réserve obligatoire et la politique d’open-market. La politique monétaire se modernise donc et retrouve une place accrue dans la policy mix des années 1970 à l’heure où la régionalisation s’accélère et prend des dimensions nouvelles.

Le milieu des années 1980 va marquer l’évolution des politiques monétaires et budgétaires des pays de l’OCDE. Tout d’abord, la primauté de la politique monétaire se confirme. Ainsi, les USA vont appliquer, sous l’impulsion du président de la FED, une politique monétaire restrictive alors que la politique budgétaire semble beaucoup moins active en subissant les déficits par les dettes et les déséquilibres extérieurs. Par ailleurs la dimension monétaire européenne connaît un nouvel élan puisque l’Acte Unique européen est signé en 1985/1987 et mis en application en 1993. Ce traité est révélateur de la dimension supranationale que prend la politique monétaire et de facto la politique budgétaire. En effet, cet acte prévoit la création en plusieurs phases de l’Union Economique et Monétaire (UEM), il prévoit la libéralisation des échanges, la liberté des flux de capitaux, la création d’une autorité politique européenne (Commission Européenne, Conseil Européen), et la Banque Centrale Européenne (BCE) : l’autorité monétaire. En effet, la Commission Européenne est chargée du budget européen même si reste encore limité (aujourd’hui 1.27% du PIB européen) et la BCE est chargée de la politique monétaire unique en fixant notamment le taux directeur (aujourd’hui 3.75%), contrôlant l’approvisionnement de la masse monétaire et coordonnant ses objectifs avec le SEBC (Système Européen des Banques Centrales). De plus cet acte unique prévoit en dernier stade l’adoption de la monnaie unique : l’euro. La dimension donnée aux politiques monétaires et budgétaires est claire : les Etats ont donc optés pour la création d’une entité budgétaire et monétaire à long terme unique. Les critères de convergence sont au nombre de quatre et concernent notamment des indicateurs tels que l’inflation, qui doit être inférieure à 1.5 points des trois meilleurs scores de l’Union, la dette publique ne devant pas excéder les 60% du PIB. Ceci met donc bien en relief l’idée que politiques monétaires et budgétaires ont pris une dimension supranationale pour les pays de l’UE, il ne s’agit plus d’un instrument conjoncturel national autonome mais d’un instrument communautaire, qui soumet une nécessité de convergence des politiques nationales. En fait, les pays communautaires ont fait le choix de perdre leur autonomie pour répondre au "triangle d’incompatibilité" de Mundell, qui met en relief l’idée que change fixe (avec le S.M.E. puis l’euro depuis 1999), politique monétaire autonome et stabilité du chaux de change sont incompatibles d’où la perte d’autonomie pour la communauté qui doit faire face aux chocs asymétriques. Le cas européen présente donc l’aspect de convergence des politiques monétaires et budgétaires puisque ces instruments conjoncturels sont sortis du cadre national. En effet, par exemple aujourd’hui un pays membre ne peut se lancer dans une politique de relance de type keynésien sans risquer de sortir des critères de convergence et sans être confronter aux problèmes de fuites liées à l’ouverture qui annulent l’effet multiplicateur. Aussi les politiques budgétaires keynésiennes ne peuvent être utile qu’au plan européen pour éviter les fuites, il y a donc régionalisation des politiques budgétaires nationales. De même, pour la politique monétaire, aujourd’hui tous les pays de l’UE sont soumis à la BCE, qui est indépendante à l’instar de toutes les Banques Centrales nationales se libérant ainsi des pressions politiques et répondant alors aux nécessités réelles du marché. Donc les pays doivent se soumettre au taux directeur européen, suivre la politique monétaire commune amplifiée par la mise en place de l’euro. De même, la convergence européenne a modifié l’environnement des politiques monétaires puisque les marchés financiers se regroupent comme la place boursière de Paris et de Bruxelles et sont tous passés à la cotation en euro.
La convergence des politiques monétaires et budgétaires dans le cadre de l’Europe peut être généralisée à la convergence entre les pays de l’OCDE due à la mondialisation et à la globalisation financière. Ainsi deux pays de l’OCDE ne peuvent aller à contre-courant l’un contre l’autre en ce qui concerne leur politique budgétaire et monétaire. Par exemple, lorsque les USA ont remonté leur taux directeur à 6.75%, l’Europe l’a fait passer de 3% à 3.75%, ainsi la convergence s’est développée à l’échelle internationale. Il semble clair qu’un pays de l’OCDE ne peut se lancer seul et à contre-courant dans une politique budgétaire expansive ou dans une politique monétaire laxiste. Aujourd’hui, la politique monétaire semble donc toujours primé sur la politique budgétaire même si ces deux instruments sont voués à rester des politiques d’austérité où pour l’Europe la voix allemande de stabilité et équilibre semble être suivie. La marge de manoeuvre de telles politiques semblent donc avoir été depuis les années 1970 de plus en plus limitée à ceux de l’interdépendance économique.

Si la fin des années 1970 ont été marqué par un revirement en faveur de la politique monétaire à l’encontre de la politique budgétaire, ces deux instruments semblent être sorti, depuis, de leurs cadres nationaux comme arme conjoncturelle des Etats pour atteindre une dimension supranationale, européenne voire internationale où la convergence nécessitée par une mondialisation accrue paraît avoir limité celle-ci. Mais cette convergence stricte semble par certain aspect (chômage prolongé et croissance molle) avoir "sacrifié l’économie sur l’autel de la monnaie" que des politiques expansives auraient peut-être pu contrecarrer. Une politique budgétaire expansive à l’échelle européenne est-elle la solution ?